L’ENTREPRENEURIAT SOCIAL VEUT FAIRE éVOLUER LE BUSINESS

Inclusion, justice, développement durable: les valeurs défendues par les entreprises sociales progressent encore lentement en Suisse.

Il y a quelques jours, on parlait d’entrepreneuriat social à l’IMD, à Ouchy. L’école dédiée au business et au management y célébrait même le 20e anniversaire de cette conférence qui met en avant l’impact des entreprises sur la société, plutôt que leurs bénéfices.

Cette semaine, c’est au tour de l’UNIL de se pencher sur la question, avec la troisième édition de son Forum innovation sociale. Axées sur la résolution de problèmes sociaux, les entreprises sociales intéressent jusqu’au Forum économique mondial (WEF), dont le père avait créé la Fondation Schwab pour favoriser ce courant. Son directeur, François Bonnici, présentera à l’Université son rapport, avec un constat: la Suisse n’est pas en avance dans ce domaine.

Qu’est-ce que l’entrepreneuriat social?

On compte une cinquantaine de définitions de ce que peut être une entreprise sociale.

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La Fondation Schwab pour l’entrepreneuriat social peut en donner une très simple, en incluant tout ce qui a un impact social et durable. Il faut rester large, car la perception de ce qu’est une entreprise sociale varie selon les pays.

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Nous retenons quelques principes clés. Le premier est qu’une telle entreprise doit exister pour améliorer un problème social ou environnemental. Ensuite, elle donne la priorité à cet objectif plutôt qu’aux profits. Elle doit être autonome financièrement et dotée d’une structure juridique qui protège ses objectifs à long terme.

Et si une entreprise sociale finit par dégager des bénéfices?

C’est un point essentiel, qui fait d’ailleurs débat. L’économiste Muhammad Yunus (Prix Nobel de la paix) estimait que tout profit doit être réinvesti dans l’entreprise. Mais il y a des situations où, si elles veulent se développer, les entreprises sociales doivent prendre des investissements. Elles doivent alors rémunérer les actionnaires. Le tout est de savoir combien et à quelles conditions.

On constate que la Suisse ne fait pas partie des bons élèves.

Le principal constat que nous avons tiré de notre rapport est qu’il existe peu de données fiables, de recensements ou d’études nationales sur l’innovation sociale. C’est aussi le cas en Suisse.

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En tant que Sud-Africain, je ne suis pas un spécialiste de la Suisse, mais, si l’on regarde autour de nous, on voit des entreprises orientées vers un impact social ou environnemental.

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Mais les universités se penchent sur la question: la semaine dernière, j’étais à l’IMD et serai mercredi à l’UNIL. On sent que la nouvelle génération veut avoir un impact positif sur le monde.

Vous citez la marque Patagonia en exemple…

Oui, on a parlé de la démarche de son fondateur visant à protéger ses objectifs dans la durée. Certains l’ont perçu comme du marketing, ce qui n’est pas entièrement faux.

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Toutefois, l’entreprise a à la fois réduit son empreinte écologique et augmenté son impact social, par exemple en tant qu’employeur. Alors, on peut se borner à voir que le secteur du textile a un impact écologique. Mais c’est insuffisant, car il faut aussi considérer l’impact du modèle de Patagonia sur tout ce secteur, qui est bien plus grand que les économies de CO₂ qu’elle réalise elle-même.

Le discours autour de l’innovation sociale peut sembler n’être qu’un vœu pieux. Entendez-vous ces critiques?

Oui, il y a un risque de lavage social. C’est ce qui se produit aujourd’hui avec l’écoblanchiment. Tout, même des pneus de voiture, peut se prétendre vert!

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L’entrepreneuriat social n’en est qu’à ses débuts et il devra aussi affronter ce phénomène. C’est pour cela que l’on doit se focaliser sur l’impact des entreprises sociales.

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Et pour le mesurer, il faut des normes et des évaluations périodiques. C’est ce que nous faisons et ce que fait le label B Corp aujourd’hui.

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