DOYENNE DE LA PUB, L’AGENCE TRIO VENDUE à UN GROUPE EUROPéEN

Entre Lausanne et Ouchy, Trio fait désormais partie d’une entité internationale. Pourquoi cette acquisition? Son patron répond.

Fondée en 1931 à Lausanne, l’Agence Trio est la doyenne de la publicité en Suisse. Elle vient d’être rachetée par le groupe européen MYTY, qui compte désormais 14 agences de communication et plus de 770 employés. Une perte pour la région? Non, rétorque son patron, qui assure que ce petit fleuron vaudois niché entre Lausanne et Ouchy ne disparaîtra pas de la scène romande.

Trio s’est illustré dans le passé par des campagnes originales, comme celle d’Omega portée par des astronautes de la NASA sur la Lune. Plus récemment, l’agence lausannoise faisait sourire le public avec sa pub francisant les gaufrettes Kägi Fret en y apposant un «é», pour le rendre «enfin prononçable en Romandie».

Transmission d’entreprise

Alors pourquoi vendre? C’est que Michael Kamm, qui avait racheté la boîte il y a près de 25 ans, s’approche de la retraite. La PME est ainsi concernée par cette question délicate de la transmission des entreprises détenues par leur patron. «J’ai 56 ans et il fallait songer à la pérennité de l’entreprise, à sa transmission», dit le patron. Depuis son rachat, «pour un franc symbolique et les dettes qui l’accompagnaient», la marque a en effet gagné en valeur. Son rachat par les autres cadres ne pouvait plus entrer en ligne de compte.

Reste que l’acquisition d’une entreprise locale peut susciter une crainte de la voir disparaître. Cela avait notamment été le cas à Crissier avec Rüeger, rachetée en 2019, puis délocalisée l’an dernier en Allemagne. Le cas de figure est improbable pour l’Agence Trio et ses 17 collaborateurs, estime Michael Kamm, qui restera à la tête de son agence pendant quelques années encore. La marque ne va pas non plus disparaître. «Nous ne serons plus les seuls maîtres à bord, mais la marque et son ancrage demeurent. Le groupe MYTY tire sa force d’un réseau d’agences avec une implantation locale forte; ils n’auraient donc aucun intérêt à délocaliser notre agence.»

L’arc lémanique en vue

Reste à voir si cette transaction, dont le montant n’est pas révélé, dit quelque chose de ce secteur d’activité. «Le marché du marketing en Suisse romande est assez stable, observe Michael Kamm. Je pense que le digital est en stagnation, au profit d’un retour des campagnes sur des supports qui captent davantage les sens.» Il songe au cinéma, notamment, l’un des rares endroits où l’attention du public n’est pas détournée par d’autres écrans.

Pour Michael Kamm, il semble que l’arc lémanique suscite davantage d’attention. La succession de l’Agence Trio a soulevé l’intérêt d’autres groupes venus d’Allemagne. «Depuis quelques années, j’ai le sentiment que la Suisse allemande s’intéresse davantage à la Romandie, dit-il. La concurrence entre les pôles économiques lémanique et zurichois y est sans doute pour quelque chose.»

Reste que, sur un marché romand morcelé, partagé entre de grands groupes tels que Publicis ou Farner et des petites PME, l’Agence Trio compte sur son intégration au sein du groupe MYTY pour élargir son audience nationale et bénéficier d’offres groupées.

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